Financement participatif : « Je voulais me confronter rapidement au marché »
En 2015, Marie Fiers a fondé UrbanLeaf, une entreprise spécialisée dans l’aquaponie. Pour se lancer, elle a levé 24 000 euros grâce à une campagne de crowdfunding.
C’est après 3 ans de thèse au sein de l’UMR Agroécologie et un post-doctorat à Liège que Marie Fiers découvre l’aquaponie, une technique consistant à cultiver des plantes et des poissons dans un écosystème fermé. Grâce à une pompe, la plante récupère l’eau de l’aquarium, riche en nutriments grâce aux rejets des poissons. Elle rejette ensuite l’eau filtrée dans l’aquarium.
Convaincue de son potentiel, à l’heure où le modèle agricole productiviste des années 60 montre ses limites, elle crée l’entreprise UrbanLeaf pour la valoriser auprès d’un large public. « L’idée est de proposer un nouveau mode de production alimentaire pour les citadins, plus proche du consommateur, explique l’entrepreneuse. Il répond à un défi actuel : manger plus sain dans un cadre de vie plus sain ». Elle imagine donc des systèmes aquaponiques design et pratiques, permettant à chacun de jardiner, même lorsque l’on a peu de temps et de place chez soi.
Une campagne « don contre don »
Très vite, une question se pose : ces produits innovants trouveront-ils leur public ? « C’est l’une des raisons qui m’ont poussée à mener une campagne de crowdfunding, précise Marie Fiers. Ainsi, j’ai pu me confronter rapidement au marché ». Elle se lance sur My Major Company, un site de financement participatif français populaire. « C’est une plateforme de don contre don, ajoute-t-elle. Les internautes pouvaient donner jusqu’à 650 euros et recevaient des contreparties. Par exemple, s’ils soutenaient le projet à hauteur de 200 euros ou plus, ils acquéraient l’un de nos systèmes ». Par cette campagne, elle espère lever 7 000 euros et vendre une quinzaine de produits. Un objectif atteint en seulement… 15 jours ! A l’issue d’une campagne de 50 jours, UrbanLeaf a réuni 24 000 euros et fait une quarantaine de vente. Une jolie somme qui permet à Marie de faire fabriquer ses premiers systèmes. « Finalement, la plateforme a servi de pré-site de vente en ligne et nous a permis de voir si les gens étaient réceptifs », conclut-elle.
« Il faut être prêt à s’investir totalement »
Une initiative couronnée de succès qui lui a cependant demandé beaucoup de temps. Marie Fiers alerte les entreprises qui envisagent ce mode de financement : « gérer une campagne de crowdfunding est un travail à temps plein avant, pendant et après ! ». Elle conseille notamment de prendre un ou deux mois pour préparer sa communication. « Il est primordial de réaliser au moins une courte vidéo pour présenter son projet. Généralement, c’est la première chose que les internautes regardent. Ils ne liront le texte que s’ils sont vraiment intéressés ».
La campagne lancée, il est nécessaire de communiquer très régulièrement pour rester dans l’esprit du public. Puis, lorsqu’elle se termine, il faut faire fabriquer les produits, récupérer les adresses des internautes, préparer les colis… C’est notamment pour cela que Marie déconseille les campagnes trop longues : « si l’on veut que sa campagne fonctionne, il faut être prêt à s’investir totalement pendant toute cette période, c’est extrêmement prenant ». Enfin, n’oubliez pas que la plateforme de financement participatif prend une commission, située généralement entre 7 et 15% de la somme levée.
Il existe 3 modes de financement participatif :
– Don contre don, pour lever jusqu’à quelques dizaines de milliers d’euros. Il permet surtout de se confronter au marché pour vendre ses produits.
– Prêt participatif : les internautes prêtent de l’argent et seront remboursés sous un délai et avec un taux d’intérêt définis par le porteur de projet.
– Financement avec prise de participation: le porteur de projet vend une petite partie de son entreprise aux particuliers, qui seront ensuite intéressés sur ses bénéfices.
Le premier type est destiné à lever des sommes relativement faibles, lorsque les deux autres visent des levées de fonds importantes.